Designers des politiques publiques
En 2022, la première soirée “Designers des politiques publiques - nouvelles générations” avait permis de faire un historique de l’irruption des designers dans l’action publique et d’échanger avec des représentants d’écoles de design sur la formation des futur·es professionnel·les du secteur (vous pouvez retrouver l’intégralité de la soirée en vidéo).
Avec nos partenaires de la 27ème Région, nous organisons un deuxième épisode le 23 avril prochain à Paris (et en streaming), toujours tourné vers l’avenir du secteur et consacré cette fois aux nouvelles frontières, aux controverses et aux angles morts de la discipline.
15 ans après la publication de l’ouvrage fondateur Design des politiques publiques, des évolutions rendent plus indispensables que jamais de prendre le temps de la réflexivité. Sans volonté d’exhaustivité :
Les commandes de design évoluent, et certaines changent carrément d’échelle. Dans le cadre du programme “Lieux accueillants, lieux innovants”, la Banque des territoires s’est par exemple dotée d’un marché de design pour accompagner 200 France Services en un an, à la fois pour améliorer leur offre de service et leurs espaces et aménagements.
En partie regroupés au sein du réseau Dessein public, de plus en plus de designers sont employé·es en tant qu’agent·es au sein des collectivités, des opérateurs et services de l’État et des hôpitaux, faisant évoluer les postures et les pratiques.
La modernisation des fonctions numériques publiques fait émerger de nouveaux rôles de designers Ux/Ui, dont les filiations et les références ne sont pas forcément celles du design des politiques publiques.
Les grands cabinets de conseil, forts de leur acquisition d’agences de design et de leur force de frappe dans le secteur public, se mobilisent sur les marchés les plus volumineux.
Dans ces conditions, le design peut-il conserver son potentiel radical et transformatif et, si oui, à quelles conditions ?
C’est autour de cette question que les témoignages, échanges et interpellations de la soirée du 23 avril seront organisés. Il devrait être question de R&D, de sérialisation, de design des territoires, de transformation publique, de coopérations avec d’autres métiers…
Pour recevoir toutes les informations (programme, lieu, lien de connexion), c’est par ici. Ne tardez pas trop si vous souhaitez participer sur place - il y a déjà 430 inscrit·es !
On l’a vraiment vraiment fait
Travailler à un espace de justice plus juste au Tribunal Judiciaire de Metz, en repensant l’expérience des justiciables — de la convocation jusqu’à la sortie de l’audience — à partir d’une rénovation de salle d’audience.
À Metz, la salle d’audience du Tribunal Judiciaire souffre de nombreux problèmes structurels : thermiques, acoustiques et liés à l’aménagement — à tel point qu’à plusieurs endroits de la salle, il n’est pas ou peu possible d’entendre le président d’audience rendre son verdict. Nous avons été mandaté pour la rénovation de la salle d’audience n°26, aux côtés des architectes MUDO.
Dès le premier entretien, il nous est apparu essentiel d’élargir notre périmètre d’action, pour essayer de fabriquer de la clarté, de la réassurance et plus généralement de la connaissance des justiciables sur leur propre situation et sur ce qu'ils allaient vivre dans les heures à venir de cette journée forcément exceptionnelle dans une vie. Le tribunal est un lieu plein de symboles implicites et peu lisibles. Si les codes protocolaires sont vécus par beaucoup de métiers du tribunal comme une fabrique d’un solennel nécessaire à la qualité de l’audience, comment distinguer le juge de l’avocat, du greffier ou du procureur, tous en robe noire, savoir où s’asseoir, quand vient le moment de parler ? Le niveau d'opacité et d'incompréhension du justiciable génère du stress et de la méconnaissance qui se répercute sur les postures et des mésusages qui peuvent leur porter préjudice lors de l’audience.
C’est pourtant la responsabilité de l’État d’assurer des conditions dignes, accessibles et compréhensibles au justiciable, dans une logique d’égalité et d’accès au droit. Nous avons donc revu notre périmètre d’attention et d’action non plus à l’entrée dans la salle 26, mais depuis le design de la convocation ou dans l’information délivrée en GAV dans les commissariats.
Sur place, les trois jours d’immersion se sont rapidement transformés en chantier d’expérimentations, avec les moyens du bord et l’aide des équipes de maintenance, tôt le matin avant le début de l’audience. L’objectif : clarifier la lecture de l’espace, des usages et des règles de la salle 26, en proposant des ajustements concrets et immédiats. Nous avons par exemple redistribué le mobilier hétéroclite de manière symétrique et réservé un modèle de banc par type de public, ou encore ouvert au pied de biche des tiroirs fermés à clef depuis quatre-vingts ans pour permettre — à la demande des avocats — d’y glisser leur ordinateur ou leurs dossiers de plaidoiries. Nous avons collé au dos des bancs des axonométries de l’espace “Vous êtes ici” qui expliquent le rôle de chaque acteur placé dans l’espace, ou encore installé une zone PMR, testée et validée l’après-midi même par une personne dans l’audience avec son déambulateur.
Le résultat ? Dans notre proposition, avant l’audience, les justiciables auront accès à de l’information utile, hiérarchisée et simplifiée, au bon endroit, au bon moment. Une fois à l’intérieur du tribunal, on trouve désormais un panneau indiquant la direction à prendre, des zones de rencontres dédiées aux avocats et leurs clients (qui se rencontrent parfois pour la première fois le jour de l’audience) et des informations sur le déroulé de l’audience.
La future salle 26 s’organise de manière circulaire, avec du mobilier simple à comprendre et pensé pour ne pas entraver la visibilité, autour de la même conviction : faire de l’audience si attendue un moment solennel et le moins inconfortable possible avec des justiciables informés, moins angoissés et donc plus disposés au bon déroulement de l’audience. Les travaux dans la salle d’audience du Tribunal de Metz sont prévus à l’été 2024. De notre côté, beaucoup d’idées et d’envies pour continuer à améliorer l’expérience du justiciable.
On a vraiment vraiment aimé
Cet outil statistique de suivi des déchets pour entreprises et communes, développé par Co-Objectif 21 & Octree, qui permet de fonder des politiques de réduction d’impact environnemental sur des données.
Ce grand reportage de France culture sur les fermetures des services publics dans la région de Guingamp, avec l’analyse de Mélanie Villiers, rédactrice de l’étude annuelle du Conseil d’État sur “le dernier kilomètre de l’action publique”.
L’observatoire des cours Oasis produit par le CAUE de Paris, qui répertorie des exemples de cours scolaires végétalisées.
Cet épisode de l’émission Le code a changé consacré aux “dames de l’algorithme”, ces annotatrices du Ministère de la Justice chargées d’entraîner l’intelligence artificielle qui anonymise les décisions de justice depuis la loi pour une République Numérique de 2016.
Ce podcast de dixit.net avec Louis Henaux, directeur logement d’Habitat & Humanisme, pour parler solutions/pistes d'actions sur l’état du mal-logement en France.