Séries publiques
Quand un professionnel prend le temps de regarder et de commenter une série télé mettant en scène un métier qu'il connaît, cela peut s'avérer assez cruel (mais drôlement jouissif) : "on n’y croit pas", "on est loin du compte", "la série n’apporte pas grand-chose et pique parfois les yeux", "en faisant montre d’une ignorance troublante des réalités de la communauté française du renseignement"... Il s'agit ici de la critique de Coeurs noirs (Amazon Prime) et donc de contre-terrorisme. Les mots sont d'Abou Djaffar sur son blog, et le constat est clair : malgré les bonnes intentions, les moyens, la formation et le sujet, l'écart entre ce qui est montré et la réalité de l'action publique "en vrai" est grand.
Or, les séries que nous regardons et commentons sont "des outils d'éducation, voire de pensée et de combat politique" (Sandra Laugier). Elles véhiculent des représentations, s'appuient sur des imaginaires, donnent à voir des métiers, des lieux et des outils autrement peu accessibles au grand public. Elles structurent nos visions du présent et du futur et donc contribuent à déterminer ce qui nous semble possible ou inévitable. Elles nourrissent nos conversations, et elles ont pour cela une portée démocratique.
Le Diplomate, HP, le Bureau des légendes, O.V.N.I(s), l'Instit, Engrenages... Les séries, françaises ou étrangères, consacrées à des services publics - ou qui les utilisent comme toile de fond - sont nombreuses. Mais que racontent-elles ?
Dans le cadre de notre front "Imaginaires publics alternatifs", nous souhaitons explorer la manière dont sont représentés les métiers, les lieux et les services publics dans les séries. Comprendre pourquoi des pans entiers de l'action publique ne sont jamais montrés tandis que d’autres semblent sur-représentés. Analyser les visions du monde implicites qui sont véhiculées, et qui nourrissent d’une manière ou d’une autre les liens que nous entretenons avec les services publics. Mesurer l’écart entre ce qu’on voit à l’écran et ce qui se joue en coulisses.
Nous organisons une soirée pour en parler le 14 juin 2023, avec les interventions de :
Sylvie Allouche, philosophe, spécialiste des séries et de la science-fiction
Yoan Ollivier, designer, co-fondateur de Vraiment Vraiment
Angela Soupe, scénariste (co-scénariste notamment de la série HP, sur OCS)
Yves Trotignon, ancien cadre du ministère des Armées, ancien diplomate, auteur de Politique du secret : regards sur Le Bureau des Légendes
Pour vous inscrire (places limitées), c’est ici.
On a vraiment vraiment aimé
_Le rapport La société numérique française : définir et mesurer l’éloignement numérique du programme Société numérique de l’ANCT, qui finit de tordre le coup aux analyses binaires inclus/exclus en matière de numérique, au profit d’une reformulation par les “capabilités numériques”.
_Le manuel pour le design des rues de la ville de Vilnius (2021), simple et puissant, réalisé par l'ingénieur en chef de la municipalité. On rêve d’aider à faire le même genre d’exercice pour une ville française.
_Les épisodes de l’émission La Série Documentaire consacrée au périphérique parisien, frontière polluée et bouchée qui aurait pu être un parc géant et dont il faudra bien faire quelque chose. Mais quoi ?
_L’alerte du think-tank Renaissance numérique sur les nouvelles dispositions en matière de vidéosurveillance, prises à l’occasion des futurs JO parisiens. Manque d’anticipation, fausse expérimentation, absence d’évaluation, entorses aux droits fondamentaux… Ça fait tousser.
_L’article de la sociologue Clara Deville sur le “mythe d’action publique” que constitue la dématérialisation comme facteur de lutte contre le non-recours. Exemples fouillés à l’appui, elle montre au contraire comment les réformes éloignent de l’exercice de leurs droits sociaux celles et ceux qui en ont le plus besoin.
On l’a vraiment vraiment fait
…installer nos tables Canteen* dans les espaces communs de la résidence Charles Hermite de Paris Habitat, porte d’Aubervilliers à Paris.
Aux côtés d’autres mobiliers et dispositifs, nous les utilisons pour tester finement les usages futurs des cours de la résidence, dans le cadre de la rénovation “Plan climat” de la résidence. Il s’agit d’explorer les modalités concrètes d’articulation entre deux objectifs qui peuvent facilement apparaître contradictoires : la désimperméabilisation des sols, d’une part, et le renforcement des usages sociaux des espaces publics et communs, d’autre part.
Comment continuer de végétaliser massivement les cours tout en créant ou en renforçant la possibilité de s’y croiser, d’y jouer, d’y rester pour profiter du frais, d’un rayon de soleil ou de la présence d’un·e voisin·e ?
La ligne de partage entre confort social et végétalisation ne se décrète pas : elle dépend de 1000 réglages qui influent sur le sentiment de sécurité ou d’intimité, la production de déchets liée aux usages, le bruit, etc.
Sur ce vaste chantier de rénovation (1297 logements), notre mission de maîtrise d’usage permet de tester – grâce à du petit mobilier tactique -différentes configurations et de les affiner, en lien avec tous les acteurs du quartier et du projet de rénovation : les habitant·e·s, le bailleur, la régie des espaces verts, les gardiens, les associations, les paysagistes…
Après l’été caniculaire de 2022 et à l’orée de la saison estival, nous participons ainsi à la résilience des quartiers populaires, faite d’usages sociaux et d’adaptation au changement climatique.
*Canteen, ce sont les tables modulables conçues par VV pour tester des usages et (ré)activer des espaces communs en extérieur. Elles ont été ou sont utilisées à Paris (parc de La Villette), Bruxelles, Lormes… N’hésitez pas à nous contacter si vous voulez en savoir plus.